Cover of GENETICS
The Wednesday, October 1, 2025
Nous sommes très fiers de faire la couverture du journal GENETICS du mois d'octobre avec notre papier "Dark side of the honeymoon: reconstructing the Asian × European rose breeding history through the...
Nous sommes très fiers de faire la couverture du journal GENETICS du mois d'octobre avec notre papier "Dark side of the honeymoon: reconstructing the Asian × European rose breeding history through the lens of genomics".
Auteurs
Thibault Leroy, Elise Albert, Tatiana Thouroude, Sylvie Baudino, Jean-Claude Caissard, Annie Chastellier, Jérôme Chameau, Julien Jeauffre, Thérèse Loubert, Saretta Nindya Paramita, Alix Pernet, Vanessa Soufflet-Freslon, Cristiana Oghina-Pavie, Fabrice Foucher, Laurence Hibrand-Saint Oyant, Jérémy Clotault.
Résumé
Symbole intemporel d’amour et de romantisme, la rose occupe une place à part dans l’imaginaire occidental. Depuis l’Antiquité, elle inspire poètes, artistes et jardiniers. Pourtant, ce n’est qu’au XIXᵉ siècle que le monde des rosiers a connu une véritable révolution : en quelques décennies, le nombre de variétés est passé d’une centaine à plus de 8 000. Une explosion de formes, de couleurs et de parfums qui marque ce que l’on peut appeler l’âge d’or des roses.
Pour comprendre comment s’est opérée cette métamorphose, nous avons étudié 204 variétés de rosiers encore présentes dans certaines collections botaniques. Nous avons travaillé sur des espèces sauvages et sur des variétés de jardin créés entre 1800 et 1910. Nous avons retrouvé la trace de ces créations dans des catalogues et des journaux de cette époque et nous avons pu dater avec précision la création de chaque variété. Grâce à l’analyse de leurs caractéristiques visibles (phénotypes) et de leur ADN, nous avons pu retracer leur histoire génétique en Europe.
Les résultats sont étonnants : en quelques générations seulement, le patrimoine génétique des rosiers européens s’est transformé, passant d’un héritage majoritairement local à un profil presque entièrement asiatique. Ce bouleversement s’explique par les échanges commerciaux du XIXᵉ siècle, lorsque des explorateurs et négociants rapportaient d’Orient des espèces exotiques aux fleurs et aux parfums si différents. Cependant cette transformation a eu un prix : la diversité génétique des rosiers s’est appauvrie, conséquence inévitable d’une sélection intensive. Certaines caractéristiques très prisées, comme le parfum dit "de thé" ou la floraison quasi continue jusqu’à l’automne, proviennent directement des rosiers chinois introduits à cette époque.
Notre travail a également permis de créer le plus vaste catalogue d’associations génétiques (GWAS) jamais réalisé sur les rosiers, une ressource précieuse pour les futurs programmes de sélection. Il souligne aussi un message essentiel : préserver les anciennes variétés est crucial pour maintenir la richesse génétique des rosiers et assurer la sélection durable pour les générations à venir. A titre d'exemple, c'est dans ces collections qu'il va falloir chercher des résistances naturelles aux pathogènes pour se passer des pesticides, ou chercher de nouveaux parfums.
Cet article est publié en hommage à Laurence Hibrand-Saint Oyant, notre collègue d'Angers, décédée brusquement lors de ce travail.


Université Jean Monnet